L’altruisme de Vance se perpétue

31 octobre 2011

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Deux jours après son accident de voiture, Vance Davis luttait pour sa vie dans un hôpital de Regina. 

Sa mère, Donna, n’était pas dans la chambre lorsque Vance a posé une question qui a été perçue comme étrange : « Est-ce que je vais mourir? » 

« Pas tant que je serai là », lui avait répondu l’infirmière de garde, avec un petit rire.  

Le personnel de l’hôpital était bien au fait de sa blessure à la tête, mais on répétait sans cesse à Vance que ce n’était pas grave – à peine plus grave qu’une commotion. 

Sa mère, Donna, n’en était pas si sûre. Le comportement de Vance – tantôt agressif, tantôt léthargique – n’était pas dans ses habitudes.  

Le Vance qu’elle connaissait était toujours alerte. À l’âge de neuf ans, il faisait partie du Pony Express de la Saskatchewan à Carievale, livrant les journaux à cheval. À 19 ans, il travaillait dans le secteur pétrolier et avait déjà acheté sa propre maison. 

« Il rendait service à tout le monde en ville, raconte Donna. Il pelletait les trottoirs des personnes âgées, ou tondait leur pelouse. Il fallait toujours qu’il soit occupé. » 

Voilà qu’il était à l’hôpital, inconscient. Et sa mère, infirmière, avait l’impression qu’il s’en allait lentement. 

Le supplice de Vance avait commencé en mars, au petit matin, sur une route rurale. Pour une raison qui demeure inconnue, Vance a perdu le contrôle de son camion. Il a appelé la police, attendu, puis marché six kilomètres pour se mettre à l’abri. 

On l’a retrouvé à demi conscient dans une remorque. Il a d’abord été transporté dans un centre de santé local, puis transféré à Regina. 

À son arrivée, Vance a été examiné par un neurochirurgien, a passé un tomodensitogramme et été admis à l’unité de soins intensifs chirurgicaux. 

Donna raconte qu’elle a entendu le personnel parler de Vance et dire que celui-ci conduisait en état d’ébriété. Elle les a informés que la Gendarmerie royale du Canada n’avait pas retenu l’alcool comme possible cause de l’accident. 

« C’est à partir de ce moment-là que le personnel a commencé à ne plus écouter ce que nous disions, explique Donna. Ils étaient persuadés que Vance n’était qu’un jeune homme de 19 ans comme les autres, et qu’il avait manifestement conduit après avoir bu. » 

Le personnel lui ayant assuré que Vance n’avait besoin que de temps et de repos, son père était rentré chez lui. Mais au fil des heures, il est devenu de plus en plus évident pour Donna que l’état de son fils se détériorait. 

« J’ai fait part de mes inquiétudes au personnel à de nombreuses, très nombreuses reprises au cours des trois jours suivants », dit Donna. Elle a regardé, frustrée, le transport de Vance dans une aile en dehors des soins intensifs. 

L’état de Vance a fini par attirer l’attention du personnel. L’hôpital a rappelé Donna à 3 h du matin et elle a rencontré le neurochirurgien de garde. Il était frustré. Il avait été présent à l’hôpital chaque jour du séjour de Vance, mais personne ne l’avait informé du cas. 

On a opéré Vance, mais lorsque le médecin est entré dans la chambre, on voyait qu’il cherchait les mots justes. Donna a demandé : « Il est en état de mort cérébrale, n’est-ce pas? »  

Ayant perdu confiance envers les prestataires de soins, elle a exigé qu’une procédure d’imagerie de perfusion soit effectuée pour confirmer le pire. Les deux techniciens de garde semblaient complètement indifférents à la douleur de la famille; ils rigolaient ensemble et sont même allés jusqu’à se taper dans les mains pendant l’examen. 

« Je me souviens juste d’avoir eu l’impression de mourir à l’intérieur en voyant la façon dont ils traitaient notre fils bien aimé », raconte Donna. 

Accablée de chagrin, la famille a décidé de faire don des organes de Vance. Les membres de la famille sont ensuite rentrés chez eux pour faire leur deuil. Mais dans les mois et les semaines qui ont suivi, Donna a commencé à chercher des réponses. 

Donna explique que la famille Davis souhaitait que la mort de Vance ait un sens. Elle voulait voir l’hôpital prendre ses responsabilités et changer ses procédures. 

Il aura fallu presque six ans avant que Donna et Jack Davis obtiennent une rencontre de divulgation avec l’hôpital. Mais cela a porté ses fruits. On a notamment mis en place un protocole intitulé Vance’s Stop Sign qui permet à toute personne impliquée dans un cas de demander une révision. Désormais, les patients ne sont plus autorisés à sortir ou à être transférés jusqu’à ce que les inquiétudes soient traitées. 

On a également amélioré les procédures de communication et de « transfert ». Les familles sont maintenant incluses lors des visites du personnel médical dans les unités de soins intensifs. Une alerte provinciale a aussi été lancée. 

Le message de Donna aux professionnels de la santé est le suivant : Écoutez les familles des patientes et des patients, car ce sont les membres de la famille qui les connaissent le mieux. 

Donna dit que Vance est toujours avec elle, en particulier dans son travail de coprésidente de Patients pour la sécurité des patients du Canada. 

« Chaque fois que je raconte l’histoire de Vance, j’honorer sa vie, explique Donna. Vance rendait service à tout le monde dans la vie. Il rend maintenant service dans la mort. J’espère, j’espère vraiment que les choses sont en train de changer. » 

L’histoire de Vance souligne l’importance d’une communication ouverte entre les prestataires de soins de santé, les patientes, les patients et les familles. 

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