Au-delà de la conformité : Sandra Young explore l’impact des normes, de la collaboration et de la curiosité sur la sécurité des soins

Dans cette section :

Le thème de la Semaine nationale de la sécurité des patients 2025, Des soins plus sûrs, portés par toutes les voix, nous rappelle que la création de systèmes de soins de santé plus sûrs ne relève pas de la responsabilité d’une seule personne ou d’un seul rôle – c’est une responsabilité collective que nous assumons en soutenant chaque rôle et en établissant des relations de confiance à l’échelle du système.

Dans cette série de billets de blogue, nous partageons les histoires de champions et championnes de partout au Canada qui contribuent à redéfinir les soins sécuritaires, du point d’intervention à la direction, du vécu expérientiel aux systèmes d’apprentissage.

Leurs réflexions révèlent qu’il est essentiel de bâtir des systèmes plus sûrs, de soutenir tous les rôles et d’écouter avec curiosité pour progresser vers des soins plus sûrs et plus équitables pour tout le monde.

Le thème Des soins plus sûrs, portés par toutes les voix nous rappelle que la sécurité des soins et services de santé n’est pas la responsabilité d’une seule personne ou d’un seul organisme; elle se bâtit collectivement. En valorisant toutes les perspectives (tant des bénéficiaires et partenaires de soins que des prestataires et leaders du système), nous pouvons instaurer la confiance, susciter la curiosité et favoriser la collaboration pour opérer des changements concrets. 

Sandra Young, directrice générale Normes et éducation à l’Organisation de normes en santé (HSO), est l’une de ces voix. Sa mission? Traduire les normes en systèmes résilients qui rendent chaque jour les soins plus équitables et plus sûrs pour les patients et patientes, les prestataires et les communautés.

Parlez-nous de votre rôle et de la communauté ou des organismes avec lesquels vous travaillez.

Dans mes fonctions de directrice générale Normes et éducation à l’Organisation de normes en santé, je suis fière de travailler au sein d’une équipe hautement qualifiée pour la seule organisation canadienne de normalisation spécialisée dans les services sociaux et de santé. Les normes nationales du Canada, véritables leviers de changement à l’échelle du système, prennent vie par le biais d’Agrément Canada, notre organisme affilié. Notre approche inclusive et centrée sur la personne est l’une des valeurs de HSO auxquelles je suis particulièrement attachée. Les membres hautement reconnus de nos comités techniques jouent un rôle central en pilotant le processus d’élaboration des normes. Au sein de ces comités siègent non seulement des personnes issues des milieux clinique, administratif et universitaire, mais aussi des usagers et des usagères, des personnes proches aidantes et des partenaires communautaires. Toutes les perspectives sont essentielles pour bâtir une compréhension commune du système de santé, et ainsi coélaborer des normes pertinentes et porteuses de sens, fondées sur des données probantes.

Que signifie pour vous rendre les soins plus sûrs?

Pour moi, cela signifie réduire le risque de préjudice. S’il est utopique de viser le préjudice zéro, nous pouvons toutefois tout mettre en œuvre pour favoriser l’amélioration continue de la qualité et l’apprentissage collectif, tout en privilégiant des pratiques proactives, fiables et sûres.  Rendre les soins plus sûrs, c’est prendre conscience que les expériences des patients et patientes et des prestataires de soins sont inextricablement liées. Comme l’a souligné notre présidente-directrice générale, « la qualité et la sécurité des soins sont indissociables de la sécurité et du bien-être du personnel ».

Il est par ailleurs important de reconnaître que les préjudices sont non seulement physiques, mais aussi psychologiques et culturels. Pour bâtir une culture de la sécurité au sein de laquelle les équipes peuvent s’exprimer sans crainte, un leadership actif et visible est indispensable. L’objectif doit être de comprendre la nature des incidents, et non pas d’identifier les responsables, afin de favoriser un apprentissage collectif.

Comment votre perception de la sécurité a-t-elle évolué au fil du temps?

Je travaille depuis 36 ans dans le secteur de la santé. Les procédures de sécurité ont longtemps consisté principalement à signaler les risques, les quasi-incidents et les incidents. C’est en devenant infirmière praticienne que j’ai découvert l’optimisation des facteurs humains et reçu une formation sur l’analyse des systèmes. Et c’est Allan Frankel qui, en 2012, m’a exposée pour la première fois aux pratiques fiables et sûres. Chez HSO, nous avons fait de la sécurité des patients une priorité. Au printemps dernier, nous avons publié les pratiques de sécurité requises (PSR) qui équilibrent l’approche axée sur l’analyse rétrospective des incidents et celle consistant à souligner de façon proactive ce qui fonctionne bien. Pratiquer la sécurité, ce n’est pas seulement éviter les erreurs. C’est développer la résilience et la fiabilité des personnes et des systèmes.

Ce changement de paradigme a été transformateur. Dans le passé, la sécurité allait souvent de pair avec la conformité; il fallait s’assurer que les politiques étaient appliquées et les incidents signalés. Aujourd’hui, notre travail est centré sur la création de systèmes qui peuvent être adaptés et optimisés dans des environnements complexes. Nos PSR, par exemple, ont pour but d’aider les organismes à anticiper les défis, plutôt qu’à réagir aux problèmes. Nous encourageons les équipes à apprendre des réussites, pas seulement des erreurs, et à diffuser ces enseignements à l’échelle du système.

Pouvez-vous donner un exemple d’initiative que vous ou votre équipe avez menée pour améliorer la sécurité des soins?

Revenons à nos PSR, à savoir des impératifs de sécurité fondés sur des données probantes mesurables qui visent à prévenir et gérer les préjudices physiques, psychologiques et culturels puis à y réagir. Nous avons ajouté des responsabilités à tous les échelons organisationnels, car tout le monde a un rôle à jouer en matière de sécurité. Nous avons aussi ajouté des mécanismes de mesure et de surveillance. Le nombre de PSR est passé de 38 à 24 afin d’alléger la charge opérationnelle des organismes. Nous avons aussi élaboré quatre nouvelles PSR qui traitent des risques de sécurité actuels et émergents : 1) la gestion des opioïdes, 2) l’équité en santé, 3) la reconnaissance précoce de la détérioration clinique aiguë et la réaction à celle-ci, et 4) les partenariats avec les usagers pour améliorer la sécurité. 

Quelle mesure vos pairs peuvent-ils adopter pour promouvoir une culture de la sécurité?

Favoriser la collaboration et l’intégration. L’union fait la force : lorsque les organismes nationaux joignent leurs efforts pour influencer le changement, ils contribuent à la normalisation du système et accroissent sa fiabilité. Et lorsque ces normes sont suffisamment souples pour s’appliquer à tous les contextes de soins, du centre de soins palliatifs de 15 lits aux établissements provinciaux, alors les retombées locales résonnent à plus large échelle. L’intégration des soins entre les équipes, les établissements et les secteurs diminue la fragmentation et améliore les résultats, mais surtout réduit les préjudices. Nous savons toutes et tous que les périodes de transition sont associées à des risques plus élevés pour les patients et patientes. En tirant des enseignements de l’expérience de ces derniers et des prestataires de soins pendant les transferts d’information ou les transitions de soins, nous pouvons combler les brèches de sécurité. Tout le monde a un rôle à jouer, et toutes les voix sont importantes.

Ensemble, nous pouvons traduire les normes en actions et bâtir des systèmes plus sûrs pour tout le monde. 

Découvrez les normes de HSO et rejoignez une communauté engagée en faveur de l’amélioration de la qualité : www.healthstandards.org/fr.