Sécurité : c’est le moment de lancer la discussion

17 octobre 2022

Sécurité : c’est le moment de lancer la discussion

Par Jennifer Zelmer et Jim Silvius

Chaque personne souhaite et mérite des soins sécuritaires. Pourtant, la pression subie par les systèmes de santé fait croître le risque de préjudices involontaires. Plus importante que jamais, la sécurité des patients va de pair avec celle des prestataires de soins de santé.

La sécurité n’est pas le fruit du hasard, elle se conçoit. Cela est notamment fondamental pour les personnes aînées, plus susceptibles de subir des préjudices dans les services de santé.  Elles ont le sentiment de moins participer aux décisions concernant les soins et les traitements que des personnes plus jeunes, surtout lorsque leur mémoire est atteinte.

Jim Silvius : Je rappelle aux personnes que je mentore de parler directement au patient au lieu de poser des questions au membre de la famille l’accompagnant.

Ensemble, nous pouvons favoriser la sécurité, réduire les incidents menant à des préjudices involontaires et tirer des leçons des erreurs commises pour en éviter d’autres. Cette année, le thème de la Semaine nationale de la sécurité des patients, Sécurité : lancez la discussion, porte ainsi sur une étape essentielle de ce processus.

Qu’entend-on par « discussions sur la sécurité »?

Lorsqu’on met un point d’honneur à parler sécurité et à tirer des enseignements de ces conversations, les soins s’améliorent pour tout le monde. Les discussions sur la sécurité sont des opportunités pour celles et ceux qui évoluent dans le système de santé d’explorer, de partager, d’apprendre ou simplement de parler de ce qui compte pour eux et de ce qui leur procure un sentiment de sécurité. Il ne s’agit pas d’ajouter des tâches ou des projets supplémentaires, mais plutôt d’améliorer nos façons de faire. Nous sommes tous concernés par les discussions sur la sécurité, que nous soyons des prestataires de soins de santé, des patients, des membres de la famille ou des partenaires de soins essentiels.

Jennifer Zelmer : Il y a de cela quelques années, j’ai participé à une discussion avec l’équipe soignante d’une de mes proches, car elle avait des inquiétudes à propos de ses médicaments. Nous avons parlé ensemble de ses préoccupations. Le fait d’avoir priorisé ce qui lui tenait à cœur a entraîné un changement de prescription, et ainsi l’adoption d’une approche plus sécuritaire à la gestion de sa douleur.

Parler sécurité est donc possible lorsque le climat et le sentiment de sécurité sont présents. Nous devons créer des espaces propices au dialogue et soutenir des interventions efficaces, tout en prenant conscience que beaucoup de personnes sont gênées ou ont peur de remettre en question le travail de leurs prestataires de soins. Nous serons alors à même de reconnaître et de nous adapter aux différentes situations et aux différents besoins des patients. Les soins sont-ils virtuels ou en personne? Les personnes viennent-elles de se rencontrer ou, au contraire, ont-elles une longue relation de confiance? Les patients et les prestataires parlent-ils la même langue et ont-ils la même culture?

Jim Silvius : Nous communiquons aussi par le comportement. Certains de mes patients ne sont plus capables de parler en raison de problèmes cognitifs. Ils communiquent donc autrement pour nous expliquer ce qui leur procure ou non un sentiment de sécurité.

Des discussions sur la sécurité constantes et efficaces permettent à tout le monde de créer ensemble un environnement sûr, à chaque instant et partout où les soins sont prodigués.

Pourquoi avoir des discussions sur la sécurité?

Les patients et le personnel en santé tirent parti d’une culture positive de la sécurité. Les organismes qui ont adopté de telles cultures enregistrent généralement moins de préjudices aux patients et une satisfaction du personnel plus élevée.

Jim Silvius : Aujourd’hui, un grand nombre des patients qui sont aiguillés vers moi sont plus fragiles et ont eu moins accès aux soins en personne depuis le début de la pandémie. Je peux leur offrir des soins plus sûrs et en phase avec leurs besoins grâce aux discussions que nous avons sur ce qui compte pour eux maintenant, sur leurs expériences et sur mes propres connaissances.

Les discussions sur la sécurité nous aident à réévaluer le concept selon une vision holistique, commune et cohérente qui va au-delà des préjudices passés. Cela comprend les actions qui créent la sécurité de manière proactive et prédictive. Ces discussions révèlent diverses perspectives et aident à comprendre comment les gens voient la sécurité, la vivent et y contribuent. Elles sont le point de départ pour comprendre ce que le préjudice – sans oublier le sentiment et le climat de sécurité – représente pour toutes les personnes concernées, et comment y remédier. L’équité et le respect sont les fondements de la sécurité.

Sécurité : lancez la discussion

Joignez-vous à nous et à toutes celles et ceux qui, d’un océan à l’autre, participeront à la Semaine nationale de la sécurité des patients, qui se tiendra du 24 au 28 octobre 2022. Vous aurez l’occasion de partager vos perspectives, d’apprendre des autres et de perfectionner vos discussions sur la sécurité pendant et au-delà de cette semaine phare.

 

 

À propos de la Semaine nationale de la sécurité des patients (SNSP)

La Semaine nationale de la sécurité des patients (SNSP) est une campagne annuelle créée en 2005 dans le but d’inspirer des améliorations extraordinaires à la qualité des soins et à la sécurité des patients partout au pays.  Il s’agit d’un partenariat entre Excellence en santé Canada et Patients pour la sécurité des patients du Canada. La SNSP a lieu tous les ans en octobre. En 2022, elle se déroulera du 24 au 28 octobre.

Jennifer Zelmer est présidente-directrice générale d’Excellence en santé Canada.

Jim Silvius est gériatre et membre fondateur du Réseau canadien pour l’usage approprié des médicaments et la déprescription.